C’est dans le cadre d’un projet de prospections-inventaires lancé en 2015 par le GREPAM, afin d’établir un état des lieux du potentiel archéologique du causse et des terrasses alluviales du volcanisme des baumes, qu’ont été découvertes de nombreuses structures en pierres sèches sur les communes de Nizas, de Caux et de Pézenas.
Le secteur de prospection couvre un territoire délimité au sud par le fleuve Hérault, à l’est son affluent la Boyne, à l’ouest son autre affluent la Peyne et au nord l’édifice volcanique des Baumes. Ce projet a été initié
par l’équipe du site de Bois-de-Riquet, situé dans la carrière de basalte de
Lézignan-la-Cèbe. L’objectif était de préciser les origines des matières
premières minérales utilisés dans la réalisation des outils découverts sur le
site.
Section de prospection, carte géologique de Pézenas 1/50 000 BRGM |
Les problématiques d'étude
De très nombreux éléments en pierres sèches, exclusivement en basalte, de diverses périodes, ont été recensés sur le plateau du volcanisme des Baumes dont la structure mégalithique des Tourals : Pierres dressées, gravées, tombes, outillage en pierre taillé, capitelle et autres structures en pierre sèche comme des murs, des enclos. L’étude de ce monument s’inscrit donc dans une étude plus large, celle de l’occupation du plateau basaltique du causse des Baumes depuis les temps préhistoriques jusqu’aux périodes récentes.
Localisation des éléments mégalithiques identifiés sur le plateau des Baumes suite aux prospections-inventaires |
Carte géologique BRGM source Géoportail 2020 |
Le plateau
basaltique présente une irrégularité topographique dans le secteur
des Tourals.
Les affleurements à proximité ont tous les caractères d’ancienne exploitation carrière et peuvent être
directement en lien avec l’édification du monument.
Les opérations menées sur le site
La première approche du site a consisté au nettoyage de la zone d’implantation de ces vestiges. Un débroussaillage intense fut nécessaire afin de révéler les structures enfouies sous une dense végétation. En effet, cette zone est actuellement conquise par une végétation buissonnante qui envahit les espaces et ferme les paysages, rendant difficile la prospection pédestre de terrain. Un mur, à première vue d’époque plus récente, s’est dévoilé sous la végétation à proximité immédiate du monument d’époque préhistorique.
Plan général du site et mise en évidence des vestiges de la phase la plus ancienne A. Diaz |
Après une première phase de nettoyage de surface autour du site, puis sur le site nous avons pu faire le relevé pierre à pierre. À première vue, cette structure archéologique a partiellement été démantelée par l’enlèvement de blocs de basalte réemployés dans des structures plus récentes, notamment le parcellaire agricole historique. Il s’agit d’une structure mégalithique ayant perdu sa couverture de pierre et/ou de terre qui constituait un tumulus et ne laisse apparaître aujourd’hui que les monolithes – les pierres dressées.
Monument après nettoyage, vue depuis le nord A. Diaz |
Actuellement deux grosses pierres
sont encore en élévation :
-
Une verticale à l’Ouest,
- Et une située à plat au fond de la « chambre » cette dernière est soit une dalle implantée à l’Est, soit une dalle de sol de chambre
Monument nettoyé, vue depuis le Nord A. Diaz |
Localisation des différents sondages 2022
L’opération effectuée en 2022 sur ce monument avait pour but de répondre aux questions soulevées lors de la mise en évidence des différentes structures : à savoir la typologie du monument, dolmen ou coffre, ainsi que le lien existant entre le monument et les zones de concentration d’outils en pierre taillé néolithiques qui supposent des habitats pas loin. Plusieurs zones de fouilles ont été choisies en fonction de leur possible état de préservation. La fouille a permis de mettre en évidence des alignements de blocs.
Les vestiges découverts sur le site des Tourals. 1
Les orthostates du coffre (blocs rouge), seraient soutenus, en partie ouest, par de petites dalles de calage (blocs orange), un pavement équilibrant la surface de circulation autour du monument serait représenté par ces grandes dalles plates (blocs jaune) et enfin une série de gros blocs (blocs vert) pourraient manifester la présence d’un parement externe presque circulaire.
L’étude du mobilier céramique découvert à la fouille 2022, révèle une appartenance au début de la protohistoire, probablement entre 2200 et 1500 ans avant notre ère.
Un mur se situe à environ quatre mètres au nord de la structure mégalithique des Tourals 1, et semble constituer l'objet de son épierrement. Ce mur se poursuit de part et d'autre di site. Son épaisseur est variable et encore mal déterminée sur l'ensemble, il est conservé sur trois voire quatre assises de pierres d'une hauteur moyenne de 60 cm. Il est constitué de blocs de basalte brut. Le parement extérieur du mur est constitué de gros blocs et de remplissage de cailloutis.
Coupe est-ouest du mur (DAO C. Gomez) |
Au vu des différents sondages réalisés dans le mur, on peut faire plusieurs observations : Il s’agit d’un mur à simple parement, édifié en pierre sèche, postérieurement à la structure mégalithique. Le mur semble posséder plusieurs phases et modes de construction, dont la première s’appuie sur le monument et réemploi des blocs de la partie supérieure de ce dernier.
Ces observations apportent une meilleure connaissance de la constitution du mur, cependant la limite avec la structure mégalithique n’a toujours pas été identifiée. Celle-ci pourra probablement être déterminée au cours des opérations futures.
D’après les deux premières opérations menées sur ce site, il nous semble que le monument, et le pourtour du monument ne soient pas totalement érodés et que des éléments d’aménagement, de structuration de l’espace puisse être reconnue par la poursuite de la fouille manuelle. Le mobilier archéologique, essentiellement céramique pour les premiers décapages, apparait déjà comme un corpus caractéristique d’une période et pourrait être plus abondante à l’avenir. L’industrie lithique est pour le moment pas assez riche pour constituer une série caractéristique, ni d’un point de vue technologique, ni typologique.
Suites aux études réalisées à partir du mobilier, il apparait que la structure a bien été fréquentée durant le tout début de la protohistoire, plus précisément entre la fin du Campaniforme et le Bronze moyen. Concernant la chambre funéraire du monument, nous avons bon espoir de découvrir des restes inhumés, si la chambre n’a pas été pillée antérieurement. Nous ne connaissons pas encore son état de préservation. Le monument dans son bouleversement actuel peut être le résultat d’un pillage ou celui d’un effondrement lié au prélèvement des pierres qui constituaient le tumulus.
A ce jour, il est difficile de trancher. Les campagnes futures permettront de préciser ces questions.
Equipe 2022 |
Ces opérations se
sont déroulées en grande majorité en partenariat avec les membres des
associations locales, le Groupe de recherches archéologiques d’Agde, le Groupe
de recherche et d’étude du patrimoine méditerranéen, la société de protection
de la nature du piscénois, le laboratoire ASM, le laboratoire Traces pour les
relevés photogrammétriques des structures,
L’Inrap pour la topo et l’étude de
mobilier. Et avec le soutien financier de l’état, du département et de la
collectivité Hérault Méditerranée.
Retrouvez les actualités des recherches sur les Tourals sur le site Archéodyssée :
Jean-Michel Abbès notre conférencier |
1936 une date que tout le monde a en mémoire, les uns pour évoquer une période idéale, les autres pour la condamner sans appel, il n'était pas inutile, quatre-vingt-dix ans après, de revenir sur ce moment à la fois gai et douloureux de notre histoire, c’est le thème qu'avaient choisi les Amis de Montagnac pour leur conférence du 11 mars.
Le choix du conférencier avait aussi beaucoup d'importance et la présentation qu'a faite de cette expérience Jean Michel Abbes, professeur agrégé, a été à la hauteur de ce qu'attendait le public. Sous des dehors de chose connue la question était difficile, il ne s'agissait pas d'ouvrir une polémique ou de donner au sujet une couleur rose ou noire mais de juger objectivement ce qui s'était passé.
Le conférencier a donc commencé par analyser la situation sociale et politique
avant 36 non seulement en France mais dans le monde entier avec les
conséquences de la Guerre de 14 ou la
crise de 1930, une crise économique qui amenait un bouillonnement de tous les
bords politiques.
Plus
classique était le chemin parcouru pour atteindre le programme commun et les difficultés
du gouvernement qui a suivi.
Pourquoi
ces grèves spontanées, suivies de
discussions avec le patronat ? La marche était difficile pour un
mouvement qui allait d'une certaine bourgeoisie aux communistes alors que la
situation économique était dramatique, que
la Guerre d'Espagne servait de terrain d'essai à Hitler et Mussolini et
que les banques anglaises faisaient pression sur la France pour la non
intervention en Espagne.
On sentait le danger du côté de l'Allemagne, il fallait vite réagir et se réarmer
rapidement, développer la défense, construire des avions en nombre, préparer la
ligne Maginot, cet effort militaire a été fait mais Hitler a été plus rapide.
Après
coup on a cherché des coupables, on a simplement oublié qu'après 1919 la France
s'est endormie normalement sur sa victoire, les mots d'ordre « C'est la
der des der » et « plus jamais ça » étaient la règle
réconfortante.
On
pouvait enfin souffler un peu.
Mais
36 a représenté une grande expérience dans tous les domaines aussi bien social
qu'économique, que culturel.
Est-ce
une coïncidence, mais la cave Coopérative de Montagnac est née en 1937 et était prête pour les vendanges de la même année après
trente ans d'hésitations et de tergiversations.
Merci
à Jean Michel Abbes pour ce moment passionnant qu'il nous a fait vivre.
Grosso modo, on distingue des approches strictement techniques servant à classifier les modes de mise en œuvre et les matériaux, des approches historiques qui établissent des schémas d’évolution et des cartographies par périodes et par zones, et des approches socio-économiques centrées sur des territoires permettant d’expliquer la préférence pour la terre crue plutôt que tout autre matériau et d’appréhender l’image des édifices en terre au sein d’une société et aux yeux de leurs usagers.
Fig 3b |
Fig 4 |
Fig 5 |
Le clayonnage fait de branchages entrecroisés ou de roseaux est fixé sur des poteaux plantés dans le sol, reliés entre eux par des éléments horizontaux. À partir de l’époque romaine, les montants verticaux sont plutôt ajustés dans une poutre (sablière) à la base et au sommet et des lattis de bois remplacent souvent les claies.
Fig 13 |
Fig 14 |
Fig 16 |
Fig 18 |
Fig 19 |
Quant au pisé, il est omniprésent dans les fortifications urbaines et palatiales d’Afrique du Nord et de la péninsule ibérique, tant médiévales que modernes.
Fig 20 |
Fig 22 |
Fig 23 |
Fig 25 |
Ils laissent penser que ces modalités architecturales n’étaient pas propres à l’habitat de Montagnac mais peut-être habituelles dans d’autres villes et bourgs languedociens.
Fig 26 |
Fig 29 |
1.
Répartition géographique actuelle, très
schématique, des techniques de construction en terre crue en Occident (C.-A. de
Chazelles)
2. Maison
en bauge. Marchésieux (Calvados) (C.-A. de Chazelles)
3. 3a.
Bauge façonnée manuellement. 3b. Bauge montée à la fourche. Lattes (Hérault),
chantier d’expérimentation (C.-A. de Chazelles)
4. Bauge
en pains de terre réguliers. Habitation datée XVIe-XVIIe
s. Sariac-Magnoac (Hautes-Pyrénées) (d’après Alain Klein 2003, p. 426, fig. 17)
5. Mur
de clayonnage et torchis sur des poteaux plantés. Rirha (Maroc) (C.-A. de
Chazelles)
6. Maison
à pan de bois. Sur le pignon, le premier étage est en forte avancée, les
poutres de l’avant solier reposant sur des poteaux ; le second étage est
en léger surplomb. Bourges (Cher). (C.-A. de Chazelles)
7. Cloisons
à pan de bois incendiées d’un habitat gallo-romain. Les poteaux plantés dans le
sol sont calcinés, le torchis rubéfié. Gruissan (Aude) (J.-C. Roux, ministère
de la Culture)
8. Briques
grossièrement modelées. Mali (C.-A. de Chazelles)
9. Chantier
de moulage d’adobes au Mali (C.-A. de Chazelles)
10. Murs
en adobe sur solin de pierre, arasés et superposés. Martigues
(Bouches-du-Rhône), âge du Fer (J. Chausserie-Laprée, ville de Martigues)
11. Toiture
en voûtes d’adobe des entrepôts du temple de Ramsès II, XIIIe s. av.
J.-C. Ramesseum, Louqsor, Égypte (Y. Rantier MAFTO-Cnrs/ASR, source
Internet)
12. Coffrage
de pisé à banches mobiles posées sur des clés. Lattes (Hérault), chantier
d’expérimentation (C.-A. de Chazelles)
13. Mode
de construction en pisé au moyen de planches maintenues par des poteaux,
attesté au début du XXe s. en Hongrie (d’après Tibor Sabjan, Miklos
Buzas 2003-2005, p. 79)
14. Mur
en pisé d’époque romaine (IIe s.). Les trous signalent l’emploi de
banches mobiles posées sur des clés. Rirha (Maroc) (J.-C. Roux, ministère de la
Culture)
15. Église
moderne en pisé. Dauphiné (C.-A. de Chazelles)
16. Ensemble
de toits terrassés en terre. Djenné (Mali) (C.-A. de Chazelles)
17. Enduit
au mortier simulant un appareil de pierre sur un mur en adobe. Covarrubias
(Espagne) (C.-A. de Chazelles)
18. Rempart
de terre parementé avec des blocs de bauge, XVIIe s.
Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) (S. Hurard, Inrap)
19. Fortification
en adobe du Ksar Kala, Timimoun (Algérie) (C.-A. de Chazelles)
20. Enceinte
en pisé de la ville de Rabat (Maroc) (C.-A. de Chazelles)
21. Mosquée
de Djenné (Mali) (C.-A. de Chazelles)
22. Sommet
d’un mur de maison médiévale à Béziers (Hérault). Lits de bauge séparés par des
rangs de bruyère (C.-A. de Chazelles)
23. Mur
de pisé retrouvé en fouilles à Narbonne (Aude). Les trous de clés très grands
sont caractéristiques du bas Moyen Âge (D. Rolin, Inrap. D’après Leal 2020, p.
216, fig. 4)
24. Montagnac
(Hérault). Localisation des murs de terre étudiés (C.-A. de Chazelles)
25. Indices
d’une façade à pan de bois fournis par des poutres sciées correspondant à un
avant-solier (cf. fig. 6). Rue du prêche, Montagnac (Hérault) (T. Lochard,
ministère de la Culture)
26. Mur
en pisé, trois trous de clés visibles avec des couvrements différents :
planchette en bois, dalle de pierre et tuile courbe. Grand-rue-Jean-Moulin,
Montagnac (Hérault) (T. Lochard, ministère de la Culture)
27. États
successifs d’un mur au premier étage de la maison de Rosine : partie
originelle en pisé se terminant par la pente du toit, lits de bauge inclinés
puis horizontaux. La niche (ou porte) avec un arc brisé date de la fin du Moyen
Âge. Montagnac (Hérault) (C.-A. de Chazelles)
28. Mur
de maison : partie inférieure en pisé à sommet incliné, surélévation en
bauge, enduit de terre et niche. Rue Malirat, Montagnac (Hérault) (C.-A. de
Chazelles)
29. Bloc
préfabriqué de pisé, issu de l’atelier Lehm Ton Erde de l’architecte
autrichien Martin Rauch (source Internet)
qui disparaît de nos paysages : l’exemple
du Languedoc.
par Philippe Galant :
Direction Régionale des Affaires Culturelles Occitanie, service de
l’archéologie (site de Montpellier). philippe.galant@culture.gouv.fr
Philippe Galant notre conférencier |
Depuis la fin de la Préhistoire, les productions métalliques ont constitué une révolution technique inimaginable et surement une représentation sans équivoque d’un prestige social naissant. Dès cette période, la recherche sans cesse performante d’une meilleure métallurgie puis celle de meilleurs métaux a engagé les groupes humains dans la prospection et l’exploitation des filons métalliques. L’exploitation des mines était née ! Les travaux entrepris à partir des années 1974 par Paul Ambert dans le district minier de Cabrières-Péret ont montré à la fois l’importance stratégique du centre Hérault dans l’apparition et le développement de la métallurgie préhistorique, mais également son ancienneté et sa grande diffusion géographique à l’échelle du Sud de la France à partir de la toute fin du quatrième millénaire avant notre ère. Sur le terrain cela se matérialise par la présence d’exploitation souterraines qui suivent les filons métallifères du cuivre, des lieux de réduction des minerais, des structures d’affinage de la qualité du cuivre et enfin des mobiliers nécessaires au coulage des objets finis. Bien sûr, cette activité développée à une échelle artisanale très performante, associe les lieux d’habitats et autres espaces sociaux comme ceux liés à la mort.
Avec le développement de l’Histoire, l’apparition de nouveau métaux exploités, la création des alliages et surtout le développement des sociétés, le bronze puis le fer vont supplanter le cuivre, tant par leur meilleure résistance à l’utilisation que par la facilité de traitement et l’approvisionnement sans cesse plus performant. Si ces sociétés s’organisent mieux sur le plan social et économique, elles se spécialisent également sur les aspects techniques. Ainsi, l’exploitation des métaux se réalise au travers de véritables mines structurées et d’ampleur, comme par exemple à Lastours dans l’Aude, et les aspects métallurgiques optimisent les productions d’objets de qualité croissante. Dans notre région la période Antique s’inscrit dans le prolongement de la Protohistoire et l’activité minière va grandement contribuer au commerce d’intérêt du Sud de la France. Les exploitations étudiées dans les Corbières méridionales ainsi que dans le Piémont-pyrénéen en sont des plus représentatives.
À partir du Moyen-Âge l’activité minière suit l’organisation politique de la société. Très rapidement, le droit de battre monnaie engendre une structuration dans la recherche des minerais. Notre région est particulièrement riche en ce domaine. Si l’Histoire décrit bien au travers de textes cet élan socio-économique, ce sont bien les archéologues miniers qui le mettent en exergue sur le terrain. Ainsi, dans les Cévennes méridionales gardoises le premier code minier connu pour notre pays a été découvert : il s’agit de la Charte d’Hierle datée du tout début du 13ème siècle, en 1227. Les travaux réalisés par Marie-Christine Bailly-Maître ont largement démontré l’importance de ces exploitations autour du bourg de Saint-Laurent-le-Minier (Gard) mais également la codification des travaux en relation avec les articles de la charte d’Hierle qui définit avec précision les droits et obligations de chacun. On perçoit alors comment la société médiévale se construit autour des nouvelles richesses qui procurent pouvoir et argent. Ainsi « certaines urbanisations » qui paraissent aujourd’hui difficilement justifiables trouvent leur origine dans la mine. L’exemple des châteaux de Lastours dans l’Aude est très significatif avec des exploitations minières qui ont perduré depuis la protohistoire jusqu’à la fin du 20ème siècle !
La période moderne voit la généralisation des exploitations minières dans notre région. Dans un tissu économique et social bien installé, cette activité semble avoir trouvé sa place. Néanmoins, la professionnalisation n’est pas totalement effective et cette activité demeure complémentaire à l’agro-pastoralisme. C’est, semble-t-il, la naissance des paysans mineurs qui allient activité traditionnelle sur laquelle les temps libres sont utilisés pour compléter son revenu par des travaux pénibles que seul les paysans présents dans ces territoires reculés sont capables d’exercer. Là encore, la richesse se réalise sur les populations les plus pauvres. Notre région voit quand même de grandes avancées technologiques dans le milieu de la mine, comme par exemple, on le constate avec la présence de Maître mineurs d’origine germanique, alors les plus en avance en Europe, et surtout et de façon tout à fait précoce dans ce domaine, l’apparition de l’utilisation de la poudre dès la fin du 17ème siècle en Lozère : l’un entrainant forcément l’autre…
Le début du 19ème siècle marque une très forte organisation administrative de notre société moderne. Sous l’impulsion de Napoléon, les « codes » base de notre administration actuelle sont édifiés en fondement. Ainsi en 1810 apparaît le premier code minier. Ce document, en perpétuelle évolution en fonction des avancés législatives, règlemente la totalité des pratiques minières depuis la recherche jusqu’à la commercialisation des substances et plus récemment toutes les contraintes environnementales à envisager. On s’y trompe souvent, mais une mine n’est pas l’ouvrage souterrain ! La mine est une autorisation administrative attribuée par l’État en fonction de la substance exploitée. Pour les carrières, il s’agit d’une autorisation plus générale liée au Règlement Général des Industries Extractives. Ainsi, il existe pour les mines des exploitations en plein-air et pour les carrières des travaux souterrains. On voit bien au travers de cet exemple la puissance prise par la règlementation sur la dénomination des choses et la langage de notre société.
La révolution industrielle va voir une explosion dans les recherches et exploitations minières. Les archives régionales des services du Ministère de l’Industrie permettent de bien suivre cette histoire et l’importance qu’elle a au niveau régional. Si l’exploitation des charbons est révélatrice dans la mémoire collective de cette situation, on ignore souvent que l’Occitanie constitue la deuxième région de France en terme de concessions minières attribuées. Certes les bassins houillers du Tarn, de l’Aveyron et Gard sont réputés, mais ce sont surtout toutes les exploitations polymétalliques depuis les Cévennes orientales jusqu’au piémont de la chaîne Pyrénéenne qui marquent cette relative importance. Bien sur la plupart de ces exploitations se sont révélées des échecs économiques. Quelque unes ont réussi mais souvent sur de courtes périodes liées à, l’aspect limité des gisements naturels. Par contre on ne se doute pas que dans le Gard, la mine des Malines a constitué le deuxième gisement de zinc en Europe et que son exploitation a été fermée seulement en 1991 ! Mais il est surprenant de constater au travers des études d’archives replacées dans un contexte plus général, que c’est plus l’activité spéculative qui a généré richesses et faillites que les travaux miniers. En ce sens, les recherches de Claude Dubois sur les gisements ariégeois montrent d’une façon magistrale toute la malhonnêteté commerciale et l’enrichissement de certains au profit de la ruine de très nombreux autres uniquement fondée sur la spéculation et le mensonge économique faisant miroiter des richesses là où il n’y en avait pas !
Les choix sociétaux et politiques de la fin du 20ème siècle ont mis fin à l’activité minière dans notre pays. Si les motivations n’ont pas forcément été explicitées, il semble que la protection des ressources minérales ait guidé ces choix. Alors qu’on parle aujourd’hui de la réindustrialisation et d’autonomie énergétique, il semble qu’un nouveau regard soit porté sur les sites miniers et que la recherche des nouvelles ressources soit en train de recommencer ! Mais quid du patrimoine ancien qui a guidé une très grande partie de notre histoire ?
Les vestiges liés à 5000 ans d’activités minières dans notre région sont très nombreux et constituent une particularité patrimoniale forte. Les degrés de conservation des sites sont très variables et généralement, en absence de textes ou d’information, c’est l’archéologie qui permet de retrouver, étudier et protéger ces éléments de notre passé. La grande variété et fragilité de ce patrimoine est liée à son fondement même : l’ouvrage minier n’est constitué que pour le temps où le mineur l’utilise ! Qu’en est-il alors plusieurs centaines d’années voire de millénaires après ? Outre les dangers liés à la grande fragilité et au vieillissement des ouvrages, c’est la conservation même qui nécessite une approche spécifique. Si le temps semble le vecteur principal dans la disparition des sites, les grandes campagnes de mise en protection des sites miniers dictées par l’application souvent aveugle du code minier au privilège de la sécurité publique sur le patrimoine, demeure l’acte moderne le plus destructif de ce patrimoine exceptionnel. Aujourd’hui, la recherche nous montre le très fort impact et le rôle majeur que l’activité minière a eu dans une région comme la nôtre, tant dans le développement économique et historique que dans l’occupation du territoire et la construction des paysages. Sans la mine, notre région serait bien différente aujourd’hui ! Les moyens humains, l’intelligence constructive de certains, la capacité financière engagée et la volonté du passer outre, ont généré des choses aussi surprenantes qu’exceptionnelles. C’est ainsi qu’il faut considérer le patrimoine minier car il est le témoignage le plus direct de la valeur humaine, celle qui constitue notre société et donc notre cadre vie. En le protégeant nous nous protégeons nous même…
Quelques photos de l'auteur:
Légendes
Figure 1 : Les exploitations
minières souterraines actuelles résultent généralement de travaux qui se
développent dans des mines plus anciennes. La lecture des réseaux devient alors
complexe car tous les vestiges se cumulent sur des espaces très restreins.
Figure 2 : Les galeries
minières du moyen-âge sont parfaitement adaptées à la circulation. Ainsi les
travers bancs qui permettent d’accéder aux zones de dépilage, là où le minerais
est exploité, sont souvent de dimensions réduites, choix économique déjà :
creuser prend du temps et donc coûte de l’argent…
Figure 3 : Le patrimoine
minier de notre région est très varié, riche et dense dans certains secteurs où
se sont concentrées des exploitations minières sur plusieurs millénaires.
L’ancienneté des sites n’est pas l’unique intérêt de l’archéologie minière, la
diversité et la conservation des vestiges sont les éléments qui priment dans la
conservation de ce patrimoine.
Orientations bibliographiques (classement par chronologie du sujet) :
-
Mines et métallurgies de la Préhistoire
au Moyen Âge en Languedoc-Roussillon et régions périphériques. Sous la
direction de Paul Ambert. Archéologie en Languedoc, n°21, 1997. 245 p.
-
Les mines antiques : la production
des métaux aux époques grecque et romaine. Claude Domergue. Edition Picard
« Antiqva », Paris, 2008. 240 p.
-
Mines et Mineurs en Languedoc-Roussillon
et régions voisines de l’Antiquité à nos jours. Fédération Historique et Languedoc
méditerranéen et du Roussillon. Montpellier 1977. 334 p.
-
La terre d’Hierle et ses mines au Moyen
Âge. Marie-Christine
Bailly-Maitre. In ; « De roches et d’Hommes,
mines et minéraux en Cévennes ». Édité par le Musée Cévenol, Le Vigan, 2012.
pp 5-19.
-
Agricola. De re metallica
(traduction de l’édition originale de 1556). Albert France-Lanord. Éditions
Gérard Klopp, Thionville 1992. 508 p.
- L’introduction de la poudre dans
les mines languedociennes. Éric Kammenthaler
et al. Archéologie médiévale, n°46, 2016. pp 135-156.
-
Les Cévennes méridionales un pays minier
à découvrir. André Aygon et Philippe Galant. In ; « De roches et
d’Hommes, mines et minéraux en Cévennes ». Édité par le Musée Cévenol, Le
Vigan, 2012. pp 20-48.
-
Mangeuses d’Hommes : l’épopée des
mines de Bentaillou et de Bulard en Ariège. Claude Dubois. Éditions Privat,
Toulouse, 2015. 356 p.
-
Les Simon : du rêve américain aux
mines de d’Ariège (1892 – 1913). Claude Dubois. Editions Vox Scriba,
collection Histoire, Banat, 2020. 314 p.
en Narbonnais et ses traces dans le Bréviaire d'amour »
Notre conférencier Henri Barthès |
Y a-t-il eu des vaudois dans le biterrois ? Certainement plus que de cathares, en particulier lors du sac de Béziers, mais le valdéisme ne disparaît pas et il faut penser que la famille de Matfre Ermengaut était proche de cette idéologie car dans les réflexions du « Bréviaire d'amour » on peut noter que des idées vaudoises en ont marqué certains chapitres, amour prenant ici un sens théologique ou moral, d'ailleurs toutes les valeurs du mot sont définies dans les divers développements.
Claude Pradeilles, André Nos, Simone Arnavielhe et notre nouvelle trésorière Christine Carrié |
L'Assemblée générale des Amis de Montagnac s'est déroulée le samedi 25 janvier, devant une salle comble. (voir rubrique Assemblés générales)
Notre conférencier Noël Houlès |
Est venue ensuite la découverte du site qui doit sa richesse à l'affleurement d'une couche de l'époque primaire contenant le précieux métal.
Au XIX°s un plan précis de toutes ces galeries a été établi, révélant les axes des travaux de toutes les époques.
Le progrès a marqué l'abandon de ces mines ancestrales mais les mines de Cabrières conservent toujours un grand attrait pour les curieux et surtout pour les archéologues passionnés comme Noël Houlès accomplissant sans cesse de nouvelles recherches qui permettent de mieux définir l'intérêt historique et technique de tels sites.
Et à la fin du cycle les boulangeries-cuisines que l’on trouvait dans toutes les villas ou dans les agglomérations.
Grâce à cette organisation on évitait les disettes ou les famines aussi bien à Rome que dans la vallée de l’Hérault.
janvier
Louis Kreitmann, jeune officier français au Japon |
C'est dans une salle comble qu'a eu lieu notre assemblée générale ce samedi 26 janvier. Après la présentation des rapports financier présenté par Pierre Pradel et moral par Claude Pradeilles, tout le monde attendait avec impatience la conférence, sur le séjour au Japon (1878-1879) de Louis Kreitman, jeune officier français, l’un des formateurs de l’armée japonaise moderne, par son petit-fils, Michel Kreitmann.
Michel Kreitmann notre conférencier |
La conférence était largement illustrée par une série de photographies prises il y a cent cinquante ans, donc rares aujourd’hui, témoignages d’une grande valeur.
Ce voyage découverte présenté avec brio et humour par Michel Kreitmann, nous a promené dans un Japon encore traditionnel, avec ses constructions en bois, ses paysages campagnards et sans route, ses villes sans confort qui contrastent avec le pays ultra moderne que nous connaissons aujourd’hui.
Le jeune lieutenant a tout noté dans ses carnets, tout photographié avec son appareil à trépieds et à plaque de verre et l’ensemble a été miraculeusement conservé.
Ce dossier a été méticuleusement étudié par M. Pierre Kreitmann, père du conférencier, et édité par la section japonaise du prestigieux Collège de France, c’est donc avec plaisir mais aussi honoré qu’un tel récit aboutisse à notre modeste association. L’explication en a été donnée par M. Michel Kreitmann, il est le descendant du couple Aubrespy, issu d’une très vieille famille montagnacoise et créateur de la fabrique de réglisses d’Uzès et du fameux Zan (aujourd’hui Aribo).
La séance s’est achevée sur un sympathique goûter/apéritif.
**********
2018
Janvier
" Le vin des soldats pendant la grande guerre" par Jean Claude Séguéla
2017
mars
" l’oléiculture à l'époque romaine" par Stéphane Mauné.
André Nos nous présente Stéphane Mauné notre conférencier.
C’est à une découverte passionnante que Stéphane Mauné a convié les Amis de Montagnac le samedi 4 mars dernier. Une conférence présentée dans un style qui lui est propre, fait de rigueur et de passion. Nous avons découvert comment de Bétique, sur les bords du Guadalquivir, à Rome l’huile d’olive espagnole alimentait le quotidien des romains pour toutes sortes d’usages : alimentation, éclairage, construction. Comment à partir d’une simple montagne d’amphores oubliées dans l’ancien port de Rome, à partir de 1860 et surtout au XX° s, les historiens ont pu établir ce trajet mais aussi amasser nombre de renseignements sur la culture de l’olivier, la production d’huile et la confection des amphores en Espagne. Un trafic qui a duré deux siècles et demi du 2° s avant JC au 2° s après, et s’est étendu à tout l’empire romain, remontant le Rhône pour atteindre l’Allemagne et la Hollande, affrontant l’Atlantique pour atteindre l’Angleterre.
Le public a suivi avec intérêt cette conférence illustrée de nombreuses vues, de nombreux dessins, de nombreuses cartes donnant à l’exposé un aspect vivant et concret. C’était un retour à une page de notre histoire souvent méconnue, où l’on découvrait que les romains avaient déjà des notions techniques et commerciales que nous avons redécouvertes péniblement au cours des siècles.
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21 janvier
" La correspondance de Marie et Paul Loubet " par Virginie Gascon
Suite à l'assemblée générale et après l'adoption des deux rapports, financier et moral par l’assemblée unanime.
2016
" Le Prieuré–Château de Cassan aux Amis de Montagnac " par Serge Sotos.
Le Prieuré-Château de Cassan |
Le site ancien, largement modifié au dix-huitième siècle, conserve encore dans sa chapelle les restes de son antique splendeur dont le grand responsable fut, dès sa création Saint Guiraud (1070-1123) futur évêque de Béziers.
Serge SOTOS le conférencier |
C'est sur l'ancienne chapelle du 12e, que le conférencier s'est attardé, édifice roman caractéristique de ce style dans notre région ou dans la région catalane.
Sa haute nef, comportant de multiples entrées, largement éclairée par de nombreuses fenêtres rondes taillées dans les murs épais, commandait la présence de nombreux arcs boutants que l'on y découvre encore.
L'extérieur sobrement décoré révèle dans le détail animaux et figures humaines, illustrant les péchés du monde.
Mais le sommet de cet édifice, à tous les sens du terme, le lanternon à deux niveaux largement ajourés, a mérité une étude spéciale déterminant à la fois son rôle utilitaire de vigie et sa valeur symbolique opposant ombre et lumière, aveuglement et foi.
Les illustrations ont aussi permis de compléter cette visite en situant et en matérialisant quelques détails aujourd’hui disparus comme les deux tours qui entouraient le portail.
23 janvier
" Le genêt textile languedocien"par Sylvain Olivier.
Sylvain OLIVIER le conférencier |
Ensuite André Nos a présenté, toujours grâce au diaporama de Nadine Deboos, le bilan d'activité dont les grands moments figurent dans le même bulletin. Le président a terminé en découvrant le programme de 2016. Après l'adoption des deux rapports à l'unanimité, André Nos a présenté le conférencier Sylvain Olivier, maître de conférences à l'université de Nîmes et son sujet : Les utilisations du genêt dans l'économie languedocienne aux XVII, XVIII et XIXe siècles. La zone d'exploitation s'étendait des collines du nord du Biterrois à celles du sud du Lodévois. Une plainte portée en septembre 1778, nous prouve que les paysans mettaient leurs genêts à "couver", à rouir dans les ruisseaux, provoquant ainsi des souillures de l'eau néfastes au bétail. Le premier usage du genêt était la nourriture des moutons et des chèvres mais une trop grande absorption de ce "fourrage" provoquait une maladie des voies urinaires des ovins ou caprins, la ginestade, décrite par le vétérinaire lodévois Thorel. Le troupeau pâturait les chaumes puis la genêtière devenait friche improductive et était réensemencée plus tard. Après 15 ans de culture du genêt on l'arrachait pour cultiver des céréales ou des légumineuses. L'entretien des genêtières suivait un calendrier annuel. Pour l'industrie textile, le genêt suivait le même parcours que le lin ou le chanvre : les fagots rouissaient dans le routoir ou rouissoir plein d'eau et après disparition de la gomme et rinçage à l'eau courante, la filasse passait au cardage ou sérançage avant d'être tissée en toile. Un contrat de mariage établi à Pézènes les mines au XVIIIe siècle, stipule que la mariée apporte 9 draps, 3 nappes et 9 serviettes en toile de genêt. En ce temps là on cultive en Lodévois de moins en moins de chanvre et de plus en plus de genêt. La laine, matière noble, va en général à la ville dans les manufactures, plus tard devenues usines textiles. En 1820 les publications relatives au genêt ont connu un grand développement par intérêt agronomique. 1940 a vécu une tentative de reprise de l'activité textile avec l'usine d'Aspiran. A partir de 2000 l’intérêt patrimonial a suscité une recrudescence de publication sur le genêt. De la fin du XVIIIe siècle au début du XIXe les genêtières ne sont bien mentionnées. Au cœur du XIXe elles ne le sont plus, et la fin de ce siècle connaît le déclin de la culture de la plante. En 1943 l'affiche du maréchal Pétain tente de lancer un regain d’intérêt pour sa reprise mais la paix de 1945 signe provisoirement son arrêt de mort. Enfin en 1948, Bourcier publie son livre "Le genêt : textile nouveau".
Après la salve d'applaudissement qui a suivi son brillant exposé, M. Olivier a répondu avec autant d'amabilité que de compétence aux nombreuses questions posées par l'assistance. Ainsi s'est conclue cette journée enrichissante qui a enchanté une fois de plus les Amis de Montagnac.
7 mars
"LA VIGNE ANTIQUE EN LANGUEDOC" par Stéphane Mauné.
Stéphane MAUNE conférencier |
Casalis de Fondouce et Heinrich Dressel ont été les premiers à ouvrir la voie avec la découverte d'une "étiquette" d'amphore disant en latin : « je suis un vin de Béziers vieux de cinq ans ».
Au VIe siècle avant J-C les gens s'habituent au vin, le triangle Marduel - Agde - Marseille voit la domestication de la vigne sauvage et la plantation de cépages grecs. Après la chute de Carthage les marchands italiens mettent sur le marché des vins italiens. Cette époque connaît les phénomènes d'imitation des amphores et de concurrence. Au IIème siècle avant J-C, le puissant sénat romain interdit la plantation de la vigne en Gaule transalpine, c'est à dire en Provence, Languedoc et Roussillon. Un siècle plus tard après la conquête de Jules César, Rome a la maîtrise totale des voies de communication gauloise et on assiste à la mise en place d'un vignoble de rapport avec l'installation de familles italiennes en Gaule. A partir de 30 avant J-C et jusqu'au IIème siècle après J-C c'est la montée en puissance commerciale du vin. Après cette époque, la grande production vinicole algérienne inondera les marchés, conséquence de la colonisation romaine. La culture de la vigne connaît la taille en gobelet et en Italie, le palissage qui coûte 30%de plus.
Le moût s'obtient par foulage aux pieds et pressurage. Les pressoirs en bois permettent d'obtenir 40% de jus en plus. Les remarquables diapositives et les dessins de M. Mauné donnent une idée de ce qu'était cette technique romaine.
En général les exploitations plantent 5 à 6 000 pieds à l'hectare, les plus productives jusqu'à 12 000 pieds. Mais les parcelles ne comptent que quelques hectares car la polyculture domine avec forêts, chemins nombreux, emblavures et vergers. Des plans de villas, nom romain des domaines, au Gasquinoy, à la Domergue de Sauvian et à Montferrier de Tourbes constituent de bons exemples d’exploitations viticoles.
Pour transporter le vin, les Gallo-romains et les Romains utilisent de grands dolia et des amphores. La carte des fouilles nous indique que presque tous les ateliers de poterie se trouvent sur la rive droite de l'Hérault. Les chais sont de tailles différentes, les plus grands se trouvant dans les villes. Avec 9000 hectos, Vareille est la plus grande, connue à nos jours. Dans l'antiquité, le rendement est estimé à 40 hectos à l'hectare. Vareille s'étendait sur environ 200 hectares et on comptait une personne pour 2 hectares en entretient total.
La viticulture procure au maître un enrichissement constaté avec les restes de fontaines et de statues trouvées sur le terrain des villas. Le plan de Vareille dévoile deux cours d'eau, trois moulins hydrauliques et deux aqueducs. A Saint Bézard près d'Aspiran on a trouvé dans un chai entre 17 et 20 après J-C une pièce de monnaie frappée à Nîmes. Deux timbres sur dolia nous signalent que Quintus Priscus travaille avec son affranchi Vitullus qui doit être un bon vinificateur et que Laïtus œuvre à Aspiran après avoir été en activité à Barcina (Barcelone).
Le plan de Saint Bézard montre que les dolia se trouvent dans les remblais, ce qui offre au vin une température à peu près constante. D'autre part les propriétaires enfumaient les chais pour tuer les drosophiles soupçonnées de faire piquer le vin, ce que Louis Pasteur prouvera dix huit siècles plus tard par ses études sur les bactéries.
Le raisin était amené sur la partie la plus haute de la cave, et en deux rampes, tombait de la cuve de foulage dans deux cuves de décantation et de fermentation. Les plus grands dolia contenaient de 14 à 20 hectos de liquide. Ces ancêtres en terre, des conteneurs modernes étaient fabriqués à la main au colombin.
En 2005 on a fouillé les ateliers de Pompeï et leurs deux fours pouvaient produire de 20 à 40 dolia à chaque cuisson. Leurs descendants actuels sont les tinajas de Villarobledo en Espagne. Dans des puits on trouve de l'eau et des débris organiques qui ont permis d'identifier certains cépages transportés dans les dolia. Les pépins analysés révèlent qu'ils proviennent de clairette, variété résistante et adaptée à la région. En moindre quantité on a de la mondeuse et du merlot. La taille des pressoirs n'est pas proportionnelle à celle des exploitations. Les grands bassins correspondent à peu de cépages et les petits bassins à des variétés plus nombreuses.
Commencées à la mi-août, les vendanges s'achevaient fin octobre. Notre région devait abriter environ 200 ateliers de fabrication d'amphores mais les plus importantes se trouvaient en Arles et à Beaucaire. La gamme des amphores comportait les allongées, les cylindriques et les fuselées mais à partir de 60 après J-C on ne fabriquera que deux modèles. Ces récipients ont voyagé jusqu'en Inde et dans la haute vallée du Nil.
Le vin que l'on appelait, nectar des Dieux et génie des hommes était du blanc ou du rosé. L'antiquité n'a pas connu le rouge car les viticulteurs antiques pressaient les rafles avant la fermentation. Pour la conservation, dolia et amphores étaient poissées avec de la poix issue de pins sylvestres. Enfin les anciens ont commercialisé des vins au miel ou aux herbes. La manutention et le transvasement s'opéraient à l'aide de pompes en corps de bronze ou de vis d'Archimède, à partir du VIème siècle après J-C on assiste à la disparition et à l'abandon de nombreuses villas que leurs riches propriétaires vendent ou quittent pour placer leur argent là où il rapporte le plus.
Sur cette note finale stigmatisant le capitalisme immuable, M. Mauné a terminé sa remarquable conférence tout en expliquant à ses auditeurs attentifs que les problèmes posés aux Gallo-romains pouvaient être les mêmes que ceux qui assaillent les viticulteurs méridionaux au XXIème siècle.
15 mars
"LES SCULPTEURS EN LANGUEDOC AU XVIIe SIÈCLE" par Denis Népipvoda.
Le président André NOS accueille le conférencier Denis Nepipvoda |
Dernièrement M. Denis Népipvoda, historien d'art bien connu des Montagnacois a prononcé devant une assistance nombreuse une conférence remarquable sur le sujet cité en titre. Les sculpteurs connus qui ont œuvré et créé en Languedoc au XVIIe sont au nombre de 8 et possèdent de nombreux points communs.
Sauf un, ils sont tous nés dans notre belle province. Ils presque tous pris femme dans les familles appartenant à leur confrérie, si bien qu'on peut parler d'endogamie dans les métiers d'art. Ils ont surtout travaillé à la restauration ou à l'aménagement d’œuvres religieuses endommagées au cours des guerres de religion. Enfin, inspirés par l'idéal d'art classique de Paris, ils ont su cependant innover en utilisant toutes sortes de matériaux : Marbre de Caunes, calcaire blanc de Pernes, résineux de Quillan, noyers du Dauphiné et même mélange de bois et de pierre. Ces grands créateurs locaux tels les Jourdan, G. Martrois, les Suberville, Coula, Mercier, Thomas, Cannet et Laucel ont embelli les épiscopales de Montpellier, Béziers, Agde, Saint Pons de Thomières et aussi de nombreuses petites paroissiales du futur département de l'Hérault : en particulier Saint Thibéry, Creissan, Pomérols ou la chapelle des Ursulines de Pézenas, que le conférencier a engagé l'auditoire à visiter.
De nombreuses questions relatives au transport des matériaux, à la carrière des artistes (de l'apprentissage à la maîtrise), au style local et à l'organisation des confréries ont complété ce brillant exposé qui a enrichi la culture voire l'érudition de tous les participants.
25 janvier
L'histoire c'est d'abord une boucherie de quatre ans qui a coûté 1.400.000 morts à la France, soit un dixième de sa population active en ce début de XXe siècle. Les Français ont voulu commémorer, c'est à dire se remémorer ensemble l'immense soulagement de l'armistice du 11novembre1918. De l'inhumation du soldat inconnu le 11-11-1920 à l'hommage rendu par le Président Hollande à tous les morts pour la France le 11-11-2012 , Mme Médina a évoqué tous les 11 novembre célèbres du XXe siècle. Elle a ensuite présenté tous les lieux de mémoire installés ou érigés sur l'hexagone : le wagon de Rethondes, le mémorial de Vimy, les ossuaires de Douaumont, Lorette,la forêt des écrivains combattants située dans l'Hérault et enfin les innombrables monuments aux morts, porteurs souvent de symboliques très différentes : deuil, sacrifice, épuisement, solidarité et même malédiction de la guerre comme à Angerville. Mme Médina a cité enfin les témoignages écrits célèbres comme les romans de Barbusse et de Dorgelès ou plus humbles comme les carnets de guerre de Louis Barthas tonnelier socialiste audois, racontant sa guerre au jour le jour, au ras des tranchées et qui a révolutionné l'histoire de la première guerre mondiale. En conclusion Mme Médina a cité l'historienne Anne Jollet mettant en garde contre les commémorations béates car " les guerres sont toujours et d'abord le fait de choix politiques ", et a évoqué le vers d'Aragon, poète mais aussi médecin des tranchées : " Déjà la pierre pense où votre nom s'inscrit..."
2 mars
Avant de nous présenter ses magnifiques photos, le conférencier nous a expliqué comment ils les prenait et comment il les montait grâce au procédé de logiciel ukrainien de son ami, le photographe Frédéric Jaume de Montpellier. Une série de vues de plantes et d'animaux d'une beauté stupéfiante, prises à des milliers de km de la biodiversité montagnacoise a clos cette très belle conférence qui a suscité de très nombreuses questions posées par l'assistance nombreuse et très intéressée.
"LES TROIS HENRI" principaux acteurs de la guerre de religion de 1561 à 1598
( Henri De Guise, Henri III et Henri IV ) par le professeur Dewelder.
Le professeur DEWELDER conférencier |
D'abord ce conflit religieux a tourné rapidement en guerre des trônes à caractère politique Ensuite les situations locales n'ont pas toujours épousé les circonstances nationales ainsi Montagnac a pu connaître des périodes de paix quand le conflit faisait rage à Paris....et vice versa. Enfin cette époque, plus que confuse, a vu se produire, comme souvent dans la politique française, un renversement des alliances, lorsque Henri 3 menacé par les Guises ou leurs partisans, a fait cause commune avec Henri de Navarre qui lui même abjura deux fois le protestantisme pour pouvoir devenir roi de France et rétablir la paix. Dans sa conclusion M. Dewelder rappelle que l'édit de Nantes offrit à la France 87 années de paix relative, brisée par la révocation du même édit par Louis XIV.
A Montagnac les registres attestent que des mariages mixtes avaient même conclu la paix dans certaines familles.
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2012
24 mars
" NAPOLÉON III ET LE DÉPARTEMENT DE L’HÉRAULT" par Jean Sagnes.
Le président André NOS reçoit le conférencier le professeur Jean SAGNES |
Dans l'Hérault les républicains s'étaient opposés à ce coup de force et la répression avait été brutale. On compta des morts, deux exécutions et de nombreuses déportations en Algérie.
Mais le nouveau maître de la France, après son entreprise réactionnaire, mit en œuvre un programme de progrès, inspiré du Saint Simonisme français et du Carbonarisme italien qui avaient bercé ses rêves de jeune homme. M Sagnes a alors établi un parallèle entre les réalisations du second Empire à Paris et celles de ses représentants locaux dans le département.
Trois hommes héraultais ou aux attaches héraultaises, amis de l'Empereur, ont joué un rôle important dans le développement économique du département sous le second Empire. Ce sont Mathieu Cazelles dont nous ont déjà parlé les Présidents Jean Salvaing et André Nos, le docteur Henri Conneau, gros propriétaire à Servian et Michel Chevalier, beau- père de l'économiste Paul Leroy-Beaulieu de Lodève.
Cette œuvre économique est impressionnante. Le développement du chemin de fer a permis le transport sans problème du vin, aliment essentiel des travailleurs de force, créateurs de nouvelles richesses. Le pont canal de Béziers a supprimé le passage d'écluses sur la rive gauche de l'Orb. Le lancement de ponts ferroviaires et routiers, le percement de tunnels ont donné du travail aux chômeurs tout en réduisant les distances. Les frères Muller, créateurs du nouveau bois de Boulogne, ont tracé le jardin St Simon du plateau des poètes à Béziers et le square Planchon à Montpellier. L’empire a offert aussi l'eau potable à la ville de Cette (Sète ).
Montpellier a connu le percement de la rue impériale, plus tard rue Foch et la refonte de l’hôtel de Ganges devenu préfecture de l'Hérault.
Fortou et Victor Duruy ont donné un essor aux écoles maternelles ; le gouvernement a étendu la gratuité de l'enseignement primaire et chaque commune de plus de 500 habitants a été tenue d'ouvrir une école de filles. Dans le secondaire l'Empire a ouvert les premiers lycées de jeunes filles et a laïcisé en France quelques dizaines de collèges privés. Dans le domaine de la musique de nombreux kiosques ont été construits et la création de sociétés musicales fortement encouragée.
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